Au sortir du second conflit mondial, la marine française est équipée d'un ensemble disparate de pièces d'artillerie de moyen et gros calibre arrivant pour la plupart à obsolescence. En 1953, sous la direction de l'ingénieur de l'artillerie navale Tonnelé, commence au STCAN Paris l'étude d'un canon polyvalent de 100mm destiné aussi bien à la défense contre avions des bâtiments de surface qu'au tir contre buts flottants ou contre terre.
La première tourelle, désignée modèle 53, commence ses essais à la mer sur l'escorteur rapide Le Brestois en 1958 puis sur l'aviso-escorteur Victor Schoelcher à partir de 1961. Construit par l'ECAN Ruelle, le canon de 100mm équipe, ou aura équipé, la plupart des grands bâtiments de combat français depuis 1960.
Pièce d'artillerie très réussie et régulièrement modernisée, ses qualités lui valent un certain succès à l'exportation.
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Entièrement automatique à partir du modèle 68, aujourd'hui le plus répandu, ce canon est monté dans une tourelle comprenant deux postes de mise en œuvre locale :
- un servant assis à gauche du canon et disposant d'un joystick et d'instruments de visée optique ;
- un surveillant situé en hauteur dans la nuque de la tourelle.
Les munitions, stockées dans une soute située à l'aplomb, sont hissées par un barillet-élévateur regarni régulièrement par deux hommes. Un couloir courbe fixe suivi d'un couloir courbe mobile permettent le ravitaillement permanent de l'arme quel que soit l'orientation du canon.
La munition est automatiquement introduite et la douille vide éjectée après le départ du coup par une trappe d'évacuation située sur le devant de la tourelle. Le refroidissement, assuré par une circulation d'eau dans les chemises entourant le tube et par une injection d'air et d'eau entre chaque coup tiré, permet de réduire considérablement l'usure de l'arme.
La tourelle peut-être mise en oeuvre selon trois modes différents :
- télécommandée par la conduite de tir principale supportant essentiellement un radar d'artillerie dont la console d'exploitation est située au central opérations ;
- télécommandée par la conduite de tir secondaire constituée d'un poste optique communément appelé DMA ;
- localement (à l'exception de la version 100 TR) par l'intermédiaire d'un joystick actionné par le servant assis à la gauche du canon.
Le pointage de l'arme est assuré par deux moteurs électrique à courant continu, un pour la circulaire situé du côté droit de la tourelle, et un pour l'élévation situé du côté gauche. Deux groupes hydrauliques assurent l' approvisionnement en obus du canon. Pour des opérations de maintenance, il existe une possibilité de manœuvre du canon par manivelle.
Implantée principalement plage avant, cette pièce d'artillerie est fortement soumise aux embruns et paquets de mer. Pour y remédier, la tourelle est rendue étanche par des joints gonflables à l'air comprimé, l'âme du tube étant protégée par une tape de bouche en caoutchouc crevable permettant un tir d'urgence. La coupole en plexiglas utilisée pour la visée en commande locale est recouverte d'un capot métallique de protection hors période d'emploi. |